LINDDHE.
Notre voyage
commence, dans un autre univers. Et plus précisément, sous les
océans d'une planète, comme il en existe tant. Ses eaux
bouillonnantes grouillent de vies. D'immenses forêts de varechs
offrent couverts et protections pour qui veut se protéger des
carnivores. Légitimement, on y croise lamantins, tortues diverses et
variées, multitude de petits poissons et des hippocampes. De tailles
variables, de couleurs différentes, ils se laissent bercer par les
remous marins. C'est l'un de ses chevaux marins qui attire
l'attention. Il semble être aussi grand qu'un homme. Ses teintes
varient en fonction du milieu qu'il côtoie. Avec une vitesse
incroyable, il traverse le vaste océan pour rejoindre une falaise
sous-marine. Une multitude de cavités sculptée servent de refuges à
une multitude de ses congénères. Devant chacune de ses ouvertures,
la roche est finement décorée de motifs divers et variés. Bien
sûr, les créatures marines y ont bonnes places mais certaines de
ses représentations sont clairement terrestres. S'étendant sur
plusieurs kilomètres de larges pour une centaine de hauteur, on
aurait presque l'impression de voir une mégalopole hippocampienne.
« Bonjour,
je m'appelle Linddhe. Je suis né dans les océans de notre monde
bien aimé, HIPPOSCAMPUS.... Mon peuple était le roi de cette
planète. Fort de sept cent millions d'âmes, nous avions conquis
toutes les parcelles possibles de ses gigantesques étendues marines.
Grâce à nos facultés de l'esprit, nous avions su tailler la roche
pour y ériger de beaux nids douillets. Nous cultivions une multitude
de plantes marines. Certaines nous offraient même une couche
confortable.
Notre civilisation
était si prospère que nous disposions d'une littérature d'une
richesse incommensurable. Nos sciences nous permirent de voyager en
eau douce, jusque loin dans les terres. Toutes nos connaissances
trônaient dans de somptueuses bibliothèques, où dans le marbre
perdurait l’œuvre des miens.
A peine sorti de
l'école, je réussi à créer un observatoire, loin au Nord... Là,
où les glaces commencent leurs emprises. Grâce à cela, on
commençait à comprendre que nous n'étions que de petites
créatures.... Dans un immense océan, noir de rien. Cette nouvelle
donne fût comme un choc pour nous qui commencions à maîtriser
l'informatique ainsi que des navettes volantes et roulantes. Ainsi,
LYS, notre capitale, pouvait se vanter d'avoir la carte complète de
notre planète bien aimée. Elle pouvait aussi offrir, à la vue de
tous, la toute première carte du ciel boréal.... Puis austral,
lorsque j’eus réussit à construire un second télescope. Cette
période était notre âge d'or. Tout ce que l'on faisait, était une
réussite mais cela ne dura pas.
Quelque chose
changea , dans l'eau des océans. Pas le temps de le remarquer que
déjà, certains des nôtres s'en étaient allés... Là, où
personne ne peut revenir. Pour couronner le tout, plusieurs de nos
villes furent détruites par de puissants séismes. Plus de cinquante
mille des nôtres y périrent. En moins d'un an, l'eau était si
froide que nous ne pouvions plus rejoindre nos télescopes. Les cités
les plus, au Sud, comme au Nord, furent même évacuées pour limiter
le nombre de victimes mais nous n'étions pas préparé, à un
changement soudain de nos climats marins. En moins de dix ans, nous
n'étions plus que quelques centaines à survivre au cœur de notre
refuge originel.... La fameuse LYS.
C'est alors que,
du ciel, nous arriva une réponse inattendue. Elle prît la forme
d'un vaisseau spatial gigantesque. Celui-ci, c'était placé juste
au-dessus de notre capitale, au moment même, où notre roi passait
de vie à trépas. Entrèrent alors, en scène, « les Messagers
des Éléments ». Dans un premier temps, on les prît pour des
nymphes, ces créatures folkloriques censées veiller sur l'eau, sous
toutes ses formes.... Mais ceux-ci s'avérèrent être des humains,
ayant perdus le berceau de leur espèce et ayant acquis la faculté
de se fondre dans les éléments. Croyez-moi, c'est très
impressionnant. Ce peuple stellaire nous embarqua, à bord de leur
spationef. Bien évidemment, ils nous comptèrent. Nous n'étions
plus que quatre cent vingt-neuf. Ils nous emmenèrent, dans l'un de
leurs mondes, situé à plusieurs millions d'années-lumière.
Pendant le voyage et même après, ils nous étudièrent. Ils
parvinrent à communiquer avec nous, au bout de quelques jours, mais
ils ne comprenaient pas de quoi on soufrait.
Chez eux, ils nous
installèrent, dans les océans de leur planète mais ceux-ci
n'étaient pas aussi confortables que les nôtres. Ils les
aménagèrent avec tellement de virtuosité que l'on se serait cru à
LYS. Quelque chose clochait, en nous, mais ce n'était ni chimique,
ni physique, ni microbiologique. Notre temps semblait compter.
Pourtant, ils sont venus nous faire une proposition. Étant donné
qu'ils n'étaient pas arrivé à trouver les causes de notre
problème, ils nous invitèrent à parcourir les Univers, à
l'intérieur de vaisseaux qu'ils avaient préalablement aménagés
pour nous. N'étant plus que trois, nous avons acceptés...
Depuis ce jour,
j'erre, dans tous les Univers. Je suis à la recherche du berceau des
« messagers des éléments ». Depuis des millénaires,
j'ai débusqué des milliards de planètes inconnues. Je les ai
étudié, cartographié, scanné. J'ai collecté de l'ADN sur chacun
de ses mondes. J'ai photographié, étudié et communiqué avec une
multitude de formes de vies. Certaines avaient réussit à s'essaimer
sur de nombreuses planètes. Certaines sont entrées en contact avec
moi, puis avec les messagers. D'autres se sont livrées des
batailles, sans merci, sous mes yeux. Enfin, il y en avait qui
luttaient pour ne pas disparaître.
Si, le berceau des
« messagers » est introuvable, j'ai trouvé une bonne
dizaine de lignées stellaires ayant la même ADN-source et donc la
même origine. Pourtant, aujourd'hui, elles sont éparpillées, dans
plusieurs univers. Toutes racontent la même histoire de séparation,
à une époque où leur berceau était densément peuplé. Maintenant
encore, je me dirige vers l'un de ses mondes où cette ADN-source est
présente... Mais elle n'est pas seule. Seulement voilà, mes forces
s'épuisent. Aucun Hipposcampus n'a jamais vécu, autant que moi et
l'heure où je vais les rejoindre est proche. Lyaluamma, tel est son
nom. »
L'espace d'un
instant, le vieil hippocampe fait une sieste. Les images le montrent
si vieux, si fatigué. Son sommeil est agité. De nombreux spasmes
parcourent son corps. D'un seul coup, une multitude d'alarmes
retentissent dans son esprit. L'appareil vient de quitter
l'hyper-espace. Aussi vite qu'il le peut, il se place derrière son
poste de commande. Il se fixe solidement au varech, situé juste
devant.
« Nous y
sommes. Malheureusement, je ne vais pas pouvoir en faire beaucoup,
l'obscurité m'envahit. Je vais poser mon appareil, là où il y a
peu de risques de causer un accident. Les « messagers »
ne mettront pas longtemps à venir. Comme ça, ils pourront entrer en
contact avec leurs frères coincés, ici.... »
On devine,
rapidement, que Linddhe vient de commencer son dernier voyage. On
voit ensuite, son appareil pénétrer dans l’atmosphère de la
planète. Ensuite, on nous le montre en train de se poser
délicatement au milieu de l'Océan. Après un nouveau clignement
d'images, un groupe de licornes ailées de grandes tailles
s'approchent du site. Elles portent sur leurs dos, des humains.
Certains sont aussi nus que des vers. Les autres ne portent qu'une
sorte de maillot de bains hyper-colorés. Enfin, plusieurs navires de
bonnes tailles se joignent au cortège. Une jeune femme nue se jette
à l'eau. Une autre portant uniquement un maillot de bain, en fait
autant. Toutes les deux grimpent sur l'appareil. Elles entrent à
l'intérieur puis elles finissent par trouver l'occupant. Elles
comprennent bien vite que l'occupant des lieux est mort. Elles
ressortent et font comprendre qu'il n'y a plus rien à faire. Un
autre vaisseau spatial monstrueux enlève son mode furtif pour se
révéler à tous. Plusieurs « messagers des éléments »
se joignent à eux.
_ Il était le
dernier de son peuple. Grâce à lui, nous avons retrouvé une
douzaine de lignées stellaires, sœur de la notre.... Mais nous
ignorons toujours où est la Terre.... Il sera enterré avec les
honneurs dû à son rang et aux multiples services qu'il nous a
rendu.
Enfin, une
dernière image montre un cercueil en forme d’huître perlière où
trône le corps de Linddhe. Tout autour de lui, une bonne
cinquantaine de personnes, visages fermées, têtes baissées, lui
rendent un dernier hommage... Ainsi qu'à sa défunte lignée.... Le
voile se referme.
1Er décembre
2015
Touts droits réservés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire