mardi 1 décembre 2015

LINDDHE





LINDDHE.







Notre voyage commence, dans un autre univers. Et plus précisément, sous les océans d'une planète, comme il en existe tant. Ses eaux bouillonnantes grouillent de vies. D'immenses forêts de varechs offrent couverts et protections pour qui veut se protéger des carnivores. Légitimement, on y croise lamantins, tortues diverses et variées, multitude de petits poissons et des hippocampes. De tailles variables, de couleurs différentes, ils se laissent bercer par les remous marins. C'est l'un de ses chevaux marins qui attire l'attention. Il semble être aussi grand qu'un homme. Ses teintes varient en fonction du milieu qu'il côtoie. Avec une vitesse incroyable, il traverse le vaste océan pour rejoindre une falaise sous-marine. Une multitude de cavités sculptée servent de refuges à une multitude de ses congénères. Devant chacune de ses ouvertures, la roche est finement décorée de motifs divers et variés. Bien sûr, les créatures marines y ont bonnes places mais certaines de ses représentations sont clairement terrestres. S'étendant sur plusieurs kilomètres de larges pour une centaine de hauteur, on aurait presque l'impression de voir une mégalopole hippocampienne.

« Bonjour, je m'appelle Linddhe. Je suis né dans les océans de notre monde bien aimé, HIPPOSCAMPUS.... Mon peuple était le roi de cette planète. Fort de sept cent millions d'âmes, nous avions conquis toutes les parcelles possibles de ses gigantesques étendues marines. Grâce à nos facultés de l'esprit, nous avions su tailler la roche pour y ériger de beaux nids douillets. Nous cultivions une multitude de plantes marines. Certaines nous offraient même une couche confortable.
Notre civilisation était si prospère que nous disposions d'une littérature d'une richesse incommensurable. Nos sciences nous permirent de voyager en eau douce, jusque loin dans les terres. Toutes nos connaissances trônaient dans de somptueuses bibliothèques, où dans le marbre perdurait l’œuvre des miens.
A peine sorti de l'école, je réussi à créer un observatoire, loin au Nord... Là, où les glaces commencent leurs emprises. Grâce à cela, on commençait à comprendre que nous n'étions que de petites créatures.... Dans un immense océan, noir de rien. Cette nouvelle donne fût comme un choc pour nous qui commencions à maîtriser l'informatique ainsi que des navettes volantes et roulantes. Ainsi, LYS, notre capitale, pouvait se vanter d'avoir la carte complète de notre planète bien aimée. Elle pouvait aussi offrir, à la vue de tous, la toute première carte du ciel boréal.... Puis austral, lorsque j’eus réussit à construire un second télescope. Cette période était notre âge d'or. Tout ce que l'on faisait, était une réussite mais cela ne dura pas.
Quelque chose changea , dans l'eau des océans. Pas le temps de le remarquer que déjà, certains des nôtres s'en étaient allés... Là, où personne ne peut revenir. Pour couronner le tout, plusieurs de nos villes furent détruites par de puissants séismes. Plus de cinquante mille des nôtres y périrent. En moins d'un an, l'eau était si froide que nous ne pouvions plus rejoindre nos télescopes. Les cités les plus, au Sud, comme au Nord, furent même évacuées pour limiter le nombre de victimes mais nous n'étions pas préparé, à un changement soudain de nos climats marins. En moins de dix ans, nous n'étions plus que quelques centaines à survivre au cœur de notre refuge originel.... La fameuse LYS.
C'est alors que, du ciel, nous arriva une réponse inattendue. Elle prît la forme d'un vaisseau spatial gigantesque. Celui-ci, c'était placé juste au-dessus de notre capitale, au moment même, où notre roi passait de vie à trépas. Entrèrent alors, en scène, « les Messagers des Éléments ». Dans un premier temps, on les prît pour des nymphes, ces créatures folkloriques censées veiller sur l'eau, sous toutes ses formes.... Mais ceux-ci s'avérèrent être des humains, ayant perdus le berceau de leur espèce et ayant acquis la faculté de se fondre dans les éléments. Croyez-moi, c'est très impressionnant. Ce peuple stellaire nous embarqua, à bord de leur spationef. Bien évidemment, ils nous comptèrent. Nous n'étions plus que quatre cent vingt-neuf. Ils nous emmenèrent, dans l'un de leurs mondes, situé à plusieurs millions d'années-lumière. Pendant le voyage et même après, ils nous étudièrent. Ils parvinrent à communiquer avec nous, au bout de quelques jours, mais ils ne comprenaient pas de quoi on soufrait.
Chez eux, ils nous installèrent, dans les océans de leur planète mais ceux-ci n'étaient pas aussi confortables que les nôtres. Ils les aménagèrent avec tellement de virtuosité que l'on se serait cru à LYS. Quelque chose clochait, en nous, mais ce n'était ni chimique, ni physique, ni microbiologique. Notre temps semblait compter. Pourtant, ils sont venus nous faire une proposition. Étant donné qu'ils n'étaient pas arrivé à trouver les causes de notre problème, ils nous invitèrent à parcourir les Univers, à l'intérieur de vaisseaux qu'ils avaient préalablement aménagés pour nous. N'étant plus que trois, nous avons acceptés...
Depuis ce jour, j'erre, dans tous les Univers. Je suis à la recherche du berceau des « messagers des éléments ». Depuis des millénaires, j'ai débusqué des milliards de planètes inconnues. Je les ai étudié, cartographié, scanné. J'ai collecté de l'ADN sur chacun de ses mondes. J'ai photographié, étudié et communiqué avec une multitude de formes de vies. Certaines avaient réussit à s'essaimer sur de nombreuses planètes. Certaines sont entrées en contact avec moi, puis avec les messagers. D'autres se sont livrées des batailles, sans merci, sous mes yeux. Enfin, il y en avait qui luttaient pour ne pas disparaître.
Si, le berceau des « messagers » est introuvable, j'ai trouvé une bonne dizaine de lignées stellaires ayant la même ADN-source et donc la même origine. Pourtant, aujourd'hui, elles sont éparpillées, dans plusieurs univers. Toutes racontent la même histoire de séparation, à une époque où leur berceau était densément peuplé. Maintenant encore, je me dirige vers l'un de ses mondes où cette ADN-source est présente... Mais elle n'est pas seule. Seulement voilà, mes forces s'épuisent. Aucun Hipposcampus n'a jamais vécu, autant que moi et l'heure où je vais les rejoindre est proche. Lyaluamma, tel est son nom. »
L'espace d'un instant, le vieil hippocampe fait une sieste. Les images le montrent si vieux, si fatigué. Son sommeil est agité. De nombreux spasmes parcourent son corps. D'un seul coup, une multitude d'alarmes retentissent dans son esprit. L'appareil vient de quitter l'hyper-espace. Aussi vite qu'il le peut, il se place derrière son poste de commande. Il se fixe solidement au varech, situé juste devant.
« Nous y sommes. Malheureusement, je ne vais pas pouvoir en faire beaucoup, l'obscurité m'envahit. Je vais poser mon appareil, là où il y a peu de risques de causer un accident. Les « messagers » ne mettront pas longtemps à venir. Comme ça, ils pourront entrer en contact avec leurs frères coincés, ici.... »
On devine, rapidement, que Linddhe vient de commencer son dernier voyage. On voit ensuite, son appareil pénétrer dans l’atmosphère de la planète. Ensuite, on nous le montre en train de se poser délicatement au milieu de l'Océan. Après un nouveau clignement d'images, un groupe de licornes ailées de grandes tailles s'approchent du site. Elles portent sur leurs dos, des humains. Certains sont aussi nus que des vers. Les autres ne portent qu'une sorte de maillot de bains hyper-colorés. Enfin, plusieurs navires de bonnes tailles se joignent au cortège. Une jeune femme nue se jette à l'eau. Une autre portant uniquement un maillot de bain, en fait autant. Toutes les deux grimpent sur l'appareil. Elles entrent à l'intérieur puis elles finissent par trouver l'occupant. Elles comprennent bien vite que l'occupant des lieux est mort. Elles ressortent et font comprendre qu'il n'y a plus rien à faire. Un autre vaisseau spatial monstrueux enlève son mode furtif pour se révéler à tous. Plusieurs « messagers des éléments » se joignent à eux.
_ Il était le dernier de son peuple. Grâce à lui, nous avons retrouvé une douzaine de lignées stellaires, sœur de la notre.... Mais nous ignorons toujours où est la Terre.... Il sera enterré avec les honneurs dû à son rang et aux multiples services qu'il nous a rendu.
Enfin, une dernière image montre un cercueil en forme d’huître perlière où trône le corps de Linddhe. Tout autour de lui, une bonne cinquantaine de personnes, visages fermées, têtes baissées, lui rendent un dernier hommage... Ainsi qu'à sa défunte lignée.... Le voile se referme.




1Er décembre 2015
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